Traverser les ténèbres profonds et, seul, aller au royaume des ombres... La forêt aux lapis-lazuli.
Il errait depuis un certain temps dans ce dédale éphémère, triste et magnifique, qui reflétait un arc-en-ciel lumineux. Il n’avait ni carte, ni compas, ni montre. Il avait depuis longtemps perdu de vue l’entrée et ne savait pas du tout où se trouvait la sortie.
Et puis d’abord, était-ce bien lui qui avait voulu venir ici ? Voulait-il réellement sortir d’ici ? Il n’y avait rien qui le poursuivait. Pas plus qu’il n’avait été pris en chasse. S’il était tout à fait honnête, il avait au fond de lui trop peur pour s’arrêter. Peut-être.
Mais quelqu’un l’appelait, quelque part. Faiblement et dans le lointain. Il était presque sûr d’avoir entendu une voix.
Plus il y pensait, plus il se disait que ce n’était sans doute que le fruit de son imagination. Où se trouvait la vérité ? Et le mensonge ? Il en était même venu à douter de sa détermination.
Au fait, combien de temps s’était écoulé ? Quand il reprit ses esprits, il se trouvait dans un genre de petite clairière, semblable à une éclaircie inattendue au beau milieu de cette forêt silencieuse comme la mort. On aurait été bien en peine d’y trouver la moindre trace d’un être vivant.
Loin au-dessus de sa tête, le tunnel sombre des arbres luxuriants laissait entrevoir un ciel bleu estival. Il brillait avec éclat, comme un trésor inatteignable. De l’autre côté, de magnifiques chants d’oiseaux semblaient se répandre sur lui - comme une douce berceuse perdue dans l’éternité que sa mère lui chantait quand il était petit. Là-bas, il y avait une petite fleur, qui fleurissait toute seule ; une jolie fleur blanche, malade et tremblante.
Une scène surgit dans son esprit : au milieu de l’infinité de pétales tournoyants se tenait une silhouette solitaire. Il l’avait trouvé, pensa-t-il sans savoir pourquoi. A son insu, un sourire émergea sur ses joues.
C’était Orochi.
Il allait enfin faire son apparition, en silence. Dans le plus grand des secrets, Orochi voulait étendre la mort sur le monde, à la manière d’ondes qui se propageraient lentement à la surface sombre d’un lac souterrain.
Il murmura « c’est à moi. Je ne laisserai personne me le prendre ».
Crédits photographie : Masumi Takahashi
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