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Photo du rédacteurSasha

Pour commencer...

Dernière mise à jour : 17 févr. 2021


Cette invitation m’est parvenue à la mi-février, un mercredi plus précisément.

L’enveloppe de laquelle elle a doucement pointé le bout de son nez était pâle et ordinaire, sans expéditeur apparent.

Le foyer des pierres féeriques du rêve - Guide du spectacle

Le foyer des pierres féeriques... du rêve ? Un spectacle donné par une troupe de théâtre, peut-être...

Même si mon travail m’avait rapproché de quelques troupes, c’était la première fois que j’entendais ce nom.

Selon le prospectus que j’ai rapidement parcouru des yeux, la représentation serait donnée dans une salle située au beau milieu de la forêt, en périphérie d’un petit quartier éloigné du centre-ville. Si je décidais d’y aller, il me faudrait une petite heure depuis chez moi.

Un plan des environs de la salle accueillant la représentation était grossièrement dessiné derrière le billet, joint dans l’enveloppe.

Mais qui avait bien pu m’envoyer ça ? H, un camarade d’Université ? Effectivement, la rumeur dit qu’il passe son temps libre à aider des troupes de théâtre inconnues au bataillon.

Que faire ? La date butoir pour une composition que je dois terminer arrive à grand pas. J’ai aussi des nouveaux morceaux à écrire...

A vrai dire, je n’étais d’abord pas très enthousiaste à l’idée d’aller voir ce spectacle. Pourtant, quelque chose a poussé mes jambes à se diriger vers cette salle. Qu’est-ce qui a soudain pris mon âme au piège, refusant de la lâcher ?

Peut-être était-ce le nom de la pièce qui allait être donnée, ou bien la phrase d’accroche imprimée sur le prospectus…

Kirite… A bien y repenser, tu m’avais déjà tendu la main et invité dans ton cercle, à ce moment-là.




Une jeune fille solitaire se tenait tête baissée, debout sur la scène sombre éclairée par les projecteurs.

Au cœur de ces ténèbres qui la séparaient de tous, elle paraissait si désemparée et fragile qu’elle aurait pu s’évaporer, s’en aller à tout moment.

Cinquante ou soixante personnes auraient suffi à remplir ce petit hall vieillissant. Les sièges mis en place étaient occupés pour la plupart et, comme les autres spectateurs qui m’étaient inconnus, j’avais les yeux rivés sur la jeune fille de la scène.

Enfin, plongée dans la nuit encore jeune, elle fit face à un ennemi invisible et, comme résolue à briser quelque chose, elle commença doucement son histoire. Elle laissa échapper un étrange sourire empreint de joie, triste aussi malgré tout.

« Elle dormait.

Enveloppée dans une mer blanche.

Rien ni personne ne se serait immiscé ;

le temps même était suspendu.

Elle était, simplement,

emplie de calme et de sérénité... »

Pouf. Les flammes des bougies s’allumèrent, l’une après l’autre, toujours plus nombreuses. Autour de moi, au-dessus de ma tête, derrière mon dos : elles m’encerclaient.

Ces lumières douces et chaleureuses se dirigèrent, curieusement, à travers les murs, le sol et le plafond de ce petit hall plongé dans l’obscurité ; elles se propageaient au-delà de l’infini.

Le temps pétrifié, autour de moi, me donna l’impression de reprendre doucement son cours avant de se dissoudre sans un bruit.

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